5000 observations en quinze ans : les cartes que nous vous présentons sont le fruit de cette surveillance des bouquetins de la colonie Vieux Chaillol - Sirac dans le Parc national des Écrins. Depuis leur réintroduction, ils ont exploré tout le sud du massif, avec des habitudes différentes selon les saisons.
Depuis la réintroduction des bouquetins dans le Champsaur, quelque 5 000 observations ont été réalisées par les gardes-moniteurs du Parc, mais aussi par tous les utilisateurs de la montagne naturalistes, randonneurs, accompagnateurs, bergers, chasseurs, gardiens de refuges et bien d'autres.
Sur les cartes présentées nous avons enlevé les observations des bouquetins qui, dès la première année, sont allés dans le Nord du massif, dans le Briançonnais (vers col du Lautaret) puis sont revenus vers le Champsaur. De même que celles d'un mâle (Petit Tambour) qui a rejoint immédiatement la colonie du Valbonnais-Oisans à l'Ouest du massif.
L'évolution et la "dispersion" de la colonie de 1994 à 2008
Les cartes annuelles de 1994 à 2008 sont la compilation des observations au cours de chaque année.
Pendant les cinq premières années, les bouquetins ont exploré le massif vers le Nord-Est en suivant les grands versants Vieux Chaillol, Sirac, les Bans de 1999 à 2004.
Le Cirque du Gioberney est investi, tout comme la conquête vers l'Ouest du Vieux Chaillol. Ponctuellement des observations sont faites au Sud du massif dans l'Embrunais.
Ces dernières années, le versant adret du Valgaudemar, les Rouies, l'Ubac commencent à être explorés. Vers l'Ouest, une avancée est faite vers le Petit Chaillol.
Vers le Sud et l'Est, les observations se poursuivent ponctuellement.
Les animaux de cette colonie ont exploré tout le sud du massif et, bientôt, la connexion sera faite avec la colonie de bouquetins Valbonnais-Oisans par la vallée du Valgaudemar.
Télécharger le document : Bouquetins du Champsaur : carte des observations de 1994 à 2008 (3.7 MB)
Une année d'observations de la colonie
Cette autre série de cartes mentionne la présence des bouquetins au fil des saisons qui rythment la vie de la colonie, mois après mois depuis 1994.
Télécharger le document : Bouquetins du Champsaur : carte des observations mensuelles (3.91 MB)
L'année des bouquetins est rythmée par les quatre saisons :
L'hiver (décembre, janvier, février).
L'époque du rut en décembre et janvier rassemble mâles et femelles principalement sur les versants rocheux et falaises Sud du massif.
Les quatre grandes zones d'hivernage sont : le cirque du Gioberney, le vallon du Sellon, la vallée du Drac Blanc et vallon du cirque de Pinier.
Le printemps (mars, avril, mai).
L'herbe nouvelle amène les bouquetins sur les alpages en dessous de 2 200 m et les zones basses des vallées, proche des zones d'hivernage. Déjà, des déplacements se produisent vers les zones d'estives.
L'été (juin, juillet, août).
Les mâles forment des groupes que nous trouvons en altitude, c'est l'époque d'exploration du massif.
Pour les étagnes, c'est le moment des mises bas dans les vires herbeuses et rocheuses du massif.
Les mises bas ont principalement lieu en juin, exceptionnellement en mai (2 en 15 ans).
Cinq zones majeures de mises bas se dégagent en partant du noyau primaire de Mourre la mine : Parières, Chanteloube, Gioberney, Pian.
L'automne (septembre, octobre, novembre).
Saison d'exploration pour les jeunes et retour vers les zones d'hivernage et de rut pour les mâles et femelles.
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L'histoire d'une reconquête
À la fin XIXème siècle, le bouquetin des Alpes est sauvé in extremis de disparition. Depuis le massif du Grand Paradis en Italie, la reconquête commence là où les hommes le laisse vivre.
L'homme prend conscience de sa responsabilité quant à la disparition de certaines espèces. Parfois, il s'emploie à les restaurer.
La première réintroduction a lieu en Suisse en 1906. En France, elle a lieu en 1959 dans les Hautes-Alpes. C'est la colonie des Cerces (Briançonnais) qui compte environ 400 individus.
Les réintroductions vont se succéder dans la deuxième moitié du XXème siècle.
Dans le Parc national des Écrins, il y a eu trois réintroductions :
1) 1977 dans l'Embrunais ( échec )
2) 1989 dans le Valbonnais. Actuellement, la colonie compte plus de 100 individus
présents aussi en Oisans
3) 1994-1995. Installation de la 22ème colonie de bouquetins des Alpes dans le Sud-Ouest du massif des Écrins. Des 30 pionniers, la population est actuellement estimée à 330 individus en ce début d'été 2009.
L'espèce est maintenant installée sur les vallées du Champsaur, Valgaudemar, Vallouise et Embrunais.
Le graphique ci-dessus présente l'évolution des effectifs de la population au cours du temps, d'après les comptages hivernaux, les prospections estivales et l'effectif cumulé maximum.
Ce dernier chiffre cumule le nombre de bouquetins réintroduits toujours vivants, le nombre de naissances comptabilisées depuis la création de la colonie, moins le nombre d'individus retrouvés morts.
L'effectif réel de la colonie se situe donc quelque part entre les courbes des comptages et celle de l'effectif cumulé, c'est-à-dire entre 200 et 350 animaux.
La France compte plus de 8700 bouquetins répartis sur les départements de Haute Savoie, Savoie, Isère, Drôme, Hautes-Alpes, Alpes de Haute-Provence et Alpes-Maritimes. En 1960, ils n'étaient que quelques dizaines dans le massif de la Vanoise.
En Europe, l'espèce est présente également en Italie, Suisse, Allemagne, Autriche, Slovénie. Soit environ 30 000 bouquetins.
C'est en hiver que les mâles et femelles (étagnes) se retrouvent et se rassemblent pour le rut annuel qui assurera la pérennité de l'espèce. Les barres et les vires escarpées accueillent pour cette période les hardes. Le reste de l'hiver sera temps d'économie d'énergie et de déplacements. Seulement assurer la ration quotidienne d'herbe sèche et ne pas s'exposer aux avalanches.
Au printemps, c'est l'allégresse, les hardes de mâles se recomposent dans le bas des alpages et joutent pour s'assurer un rang social. Les hardes d'étagnes et de jeunes profitent eux aussi de cette herbe nouvelle.
En juin, les étagnes gestantes se retirent dans des vires secrètes pour mettre bas un cabri. Au cours de l'été, nous les verrons regroupées en nurseries dans les hauts versants de nos montagnes. Cette saison est favorable pour prospecter le massif en quête de nouveaux territoires.
Les premières neiges d'automne ramènent lentement "les boucs des pierres" vers les zones d'hivernage, généralement les grands versants rocheux exposés au Sud.
Carte d'identité
Nom scientifique : Capra ibex ibex
Aspect général : le mâle adulte (bouc) pèse de 75 à 110 kg pour une hauteur au garrot de 80 cm, porte de grandes cornes striées mesurant jusqu'à 90 cm de long.
La femelle (étagne) se distingue par sa taille plus petite, ses cornes plus courtes, environ 28 cm. Elle met bas un cabri tous les un à deux ans.
Statut : espèce protégée sur tout le territoire français
Longévité : 15 - 20 ans
Famille : bovidés